Comment briefer efficacement un interprète ?
Dans tout échange multilingue, l’interprétation est bien plus qu’un simple relais linguistique : c’est le levier d’une communication fluide et efficace. Réunion stratégique, conférence internationale, visioconférence ou entretien sensible… la réussite de l’échange repose en grande partie sur la qualité de l’interprétation, et donc sur sa préparation. Pour permettre à l’interprète de restituer le message avec justesse, nuance et fluidité, un briefing clair, structuré et adapté au format s’impose. Quelles informations transmettre selon le type d’intervention et quelles erreurs éviter ? Voici les clés pour briefer un interprète efficacement.
Le rôle de l’interprète
L’interprète est un professionnel des langues qui facilite la communication orale entre deux interlocuteurs ou groupes ne parlant pas la même langue. Contrairement au traducteur, qui travaille à l’écrit, l’interprète agit en temps réel. Il restitue fidèlement le message, le ton et l’intention d’un discours dans une autre langue.
On fait appel à lui dans plusieurs contextes différents, comme les réunions d’affaires, les conférences internationales, les entretiens diplomatiques, les rendez-vous médicaux, les procédures juridiques, etc.
Il existe plusieurs formes d’interprétation selon les besoins du moment : l’interprétation simultanée, par exemple, très courante en conférence ou en institution, nécessite une restitution en temps réel, souvent avec un équipement spécifique. L’interprétation consécutive, quant à elle, implique que l’interprète prenne la parole après l’intervenant, par tranches, ce qui est plus adapté aux échanges techniques ou aux petits comités. À l’ère du numérique, l’interprétation à distance, notamment en visio ou par téléphone, s’impose de plus en plus, avec des spécificités techniques à prendre en compte.
Même les interprètes les plus expérimentés doivent être briefés en amont. Au-delà de la langue, chaque entreprise possède son propre vocabulaire, son cadre culturel, ses enjeux implicites. Un bon briefing permet à l’interprète de comprendre le contexte, d’anticiper les références métier et d’assurer une traduction non seulement fluide, mais aussi fidèle au sens voulu. Mais comment s’assurer que l’interprète soit bien briefé ?
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Les points importants pour briefer les interprètes
Ce qu’il faut inclure dans tous les briefings
Quel que soit le type d’interprétation envisagé, un briefing efficace repose sur une base commune d’informations essentielles.
Le premier élément à transmettre est le contexte général de l’événement : l’objectif de la rencontre, le profil des participants, le sujet abordé, ainsi que le ton attendu (formel, technique, informel, diplomatique). L’interprète ne traduit pas seulement des mots, mais des intentions et des enjeux, il doit donc savoir à qui il s’adresse et dans quel cadre.
Il faut également expliquer le déroulé précis de l’événement, avec les horaires de prise de parole, la durée estimée, et une liste des intervenants, accompagnée de la prononciation exacte de leurs noms. Cela permet d’éviter toute approximation en direct.
Il est aussi recommandé de fournir un lexique si le vocabulaire est spécifique à un secteur d’activité ou propre à l’entreprise. Même un interprète expérimenté ne peut pas deviner les acronymes internes sans préparation.
Un autre point souvent négligé mais crucial concerne la langue de travail : il faut préciser la variante utilisée (anglais britannique ou américain, français de France ou du Québec), pour prévoir les nuances linguistiques.
Enfin, il est indispensable de fournir à l’interprète les supports de présentation qui seront utilisés, comme les diapositives ou notes de discours. Par exemple, pour un rendez-vous juridique, il est utile de partager les documents légaux à l’avance. L’objectif est de laisser le temps à l’interprète de travailler sur l’exactitude de la terminologie et gagner en fluidité.
Travailler avec un interprète, c’est avant tout une collaboration. Il est donc fondamental de clarifier les attentes : style de restitution, degré de fidélité au mot à mot, éventuels protocoles ou contraintes. Plus le briefing est anticipé, plus l’interprétation sera fluide et fidèle. En résumé, une bonne communication en amont est le socle d’une bonne interprétation.
Briefer un interprète : les erreurs à éviter
Un bon briefing ne consiste pas uniquement à transmettre des informations utiles. Il s’agit aussi d’éviter certaines erreurs fréquentes qui peuvent nuire à la qualité de l’interprétation. Voici les plus courantes :
- Penser que l’interprète connaît parfaitement votre jargon : même les professionnels expérimentés ne peuvent pas deviner les acronymes ou expressions propres à une entreprise ou un secteur.
- Ne pas fournir de support de préparation : travailler sans documents de référence prive l’interprète de contexte.
- Envoyer les informations à la dernière minute : transmettre les supports la veille au soir pour une réunion le lendemain matin ne laisse pas le temps nécessaire pour assimiler le contenu ou faire des recherches terminologiques.
- Laisser l’interprète en totale autonomie : ne pas expliquer le déroulé ou les attentes spécifiques, c’est prendre le risque d’un décalage entre vos besoins réels et ce que l’interprète est en mesure de fournir.
En évitant ces erreurs, vous posez les fondations d’un échange harmonieux, clair et respectueux pour l’ensemble des participants.
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Comment briefer un interprète en fonction du type d’interprétation ?
L’interprétation chuchotée
L’interprétation chuchotée, ou chuchotage, est une forme d’interprétation simultanée pratiquée sans équipement technique, au cours de laquelle l’interprète traduit à voix basse pour un ou deux participants. Ce mode d’intervention, très spécifique, implique certaines conditions logistiques qu’il est essentiel d’anticiper dans le briefing, en complément des informations générales :
- Disposition de la salle : informer l’interprète en amont de l’agencement de l’espace est indispensable. Dans l’idéal, prévoir une visite préalable afin qu’il puisse repérer le lieu et choisir une position adaptée, à proximité immédiate des bénéficiaires, tout en restant discret et sans gêner les autres participants.
- Durée et intensité des échanges : signaler si la réunion s’annonce longue ou particulièrement dense. Le chuchotage étant exigeant sur le plan cognitif, cela permet à l’interprète d’anticiper son effort, voire de suggérer des ajustements si nécessaire (pauses, alternance avec un collègue).
- Positionnement de l’interprète : déterminer précisément où l’interprète pourra s’installer pour entendre clairement les intervenants tout en étant proche des bénéficiaires.
L’interprétation en visioconférence
Très utilisée dans les réunions d’entreprise, les événements hybrides ou les rencontres politiques, l’interprétation en visioconférence impose une préparation technique. L’interprète doit recevoir tous les accès à la plateforme (liens de connexion, identifiants, codes d’accès) au moins 24 heures à l’avance, avec une explication claire des fonctionnalités à utiliser (canal de langue, coupure de micro, activation de la caméra, etc.).
Il est indispensable de lui transmettre tous les supports visuels en amont : slides, documents projetés, vidéos ou tout autre contenu qui apparaîtra à l’écran. Enfin, il est essentiel d’organiser les prises de parole : dans ce format, les interruptions sont inaudibles ou confuses, et il est donc crucial de respecter une parole à la fois.
L’interprétation simultanée
En interprétation simultanée, souvent utilisée lors de conférences, colloques ou grands événements, l’interprète travaille en cabine ou avec un matériel audio spécifique. Cela implique de le briefer en amont sur la configuration technique : type de matériel utilisé, disposition de la salle, présence ou non d’un retour audio/vidéo.
Il est aussi fortement recommandé de transmettre une liste de contacts utiles pour le jour J, notamment les coordonnées de la régie technique ou d’un interlocuteur référent en cas de problème.
L’interprétation au téléphone
L’interprétation au téléphone (IPT) est réservée aux échanges courts et ponctuels (rendez-vous administratifs ou médicaux, entretiens à distance), demande un brief rapide et concis. L’interprète doit connaître le sujet, les rôles des participants et l’objectif de la conversation.
Il est important de rappeler aux interlocuteurs de ne pas parler trop vite et d’articuler, car l’interprète n’a aucun appui visuel pour capter le sens (gestes, expressions, attitudes), bien qu’il puisse s’aider de l’intonation. Une mauvaise qualité sonore ou une mauvaise diction peuvent compromettre la compréhension du message.
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Prendre le soin de bien briefer un interprète est une marque de respect pour lui et pour votre partenariat. C’est aussi l’assurance d’une prestation de haute qualité. Faire appel à des professionnels demeure fondamental pour garantir l’exactitude et la fiabilité des interprétations.